Blog du spectacle TEXACO de la compagnie La Nuit Venue, d'après le roman "Texaco" de Patrick Chamoiseau (Prix Goncourt 1992), adapté pour la 1ère fois au théâtre.
12 et 13 juillet 2010 au Théâtre Aimé Césaire à
Fort-de-France (Martinique)
28 juillet 2010 - Scène des Carmes à
Langon à 21h dans le cadre du Festival Les Nuits Atypiques
"Texaco comme métaphore de
l’histoire douloureuse des Antilles frappe par la richesse des
situations et
l’inventivité d’un comédien extrêmement mobile qui coiffe tous les
rôles." L'Humanité -
17 juillet 2008
Né du désir de développer une recherche théâtrale autour de textes d'auteurs contemporains (Gombrowicz, Azama, Ad de Bont, Garcia, Lagarce, Fosse, etc...), la compagnie La Nuit Venue voit le jour en 1995 à Bordeaux.
Portée par un groupe d'artistes, la compagnie ouvre à Bordeaux un lieu (REVLUX) de répétitions, de rencontres et d'animations d'ateliers de pratique théâtrale.
Gilles Lefeuvre, metteur en scène de la plupart des spectacles explore des pistes artistiques très différentes tant par leur forme que par leur univers.
A chaque création, la compagnie se pose la question de sa rencontre avec le public : rencontre avec les artistes après le spectacle, atelier de pratique théâtrale, lectures... La compagnie s'attache lors de ses interventions à susciter le désir : l'identifier, le formuler et aussi le transmettre par le jeu. Le théâtre devient alors un lieu de déchiffrage, d'envies humaines et artistiques, d'échanges avec autrui.
La Compagnie est soutenue par le Ministère de la Culture - D.R.A.C. Aquitaine, le Conseil Régional d’Aquitaine, le Conseil général de Gironde et la Ville de Bordeaux.
"Vraiment, Félicitations pour cette magnifique représentation et cette performance d'acteur dans de telles conditions.... ce samedi soir fut inoubliable, je me suis régalée ainsi que mes amies qui m'ont invitée à cette représentation. Bravo, bravo, bravo..." Ingrid VILA-VIGNE
16 janvier 2008 / Bayonne
"J'ai assisté à TEXACO au Théâtre de Bayonne. Votre jeu, votre choix dans le texte, la mise en scène, les décors...tout magnifie ce grand texte de Chamoiseau. Quel régal! " Michèle URRUTIAGUER (64 - ITXASSOU)
26 avril 2007 / Bordeaux
"Bonjour, nous étions à la représentation jeudi 26 avril, mon ami et moi. Jean-Stéphane Souchaud accomplit une formidable perspective de jeu. Michel fut enchanté, lui qui connait bien l'oeuvre de Chamoiseau, ainsi que la Martinique pour y avoir vécu enfant et y revenir régulièrement. Quant à moi, la découverte de l'île cet hiver a fait vibrer une résonnance, une compréhension certaine du texte. Mais il n'est pas utile de connaître l'île pour être avec les multiples personnages de Texaco, seulement les images qui reviennent, des quartiers, de Texaco, pour une plongée dans l'histoire de l'île. Jean-Stéphane Souhaud n'a pas besoin de préciser qu'il est blanc, métropolitain, il est comédien et en tant que comédien il sait transmettre cette parole, celle d'un auteur. Et cela suffit largement. Très bonne continuation pour ce spectacle." Framboise Thimonier
Gilles Lefeuvre met en scène
Texaco, d’après le roman fleuve de l’auteur martiniquais Patrick Chamoiseau, prix
Goncourt 1992.
Dans un décor organisé autour d’un arbre et de
ballots de sucre, le comédien Jean-Stéphane Souchaud incarne Marie-Sophie
Laborieux, petite-fille d’esclaves censée revivre sous nos yeux l’histoire de
sa famille depuis l’abolition de l’esclavage contestée par les gros planteurs.
La langue oscille entre un créole gorgé d’images et le français des békés
(descendants d’immigrants blancs).
Sorti des fers, le grand-père de
Marie-Sophie s’enracine dans la montagne pour échapper au travail forcé.
L’éruption de la Soufrière contraint l’ancêtre à regagner la ville.
Les générations se succèdent sous
le joug du pouvoir colonial. Marie-Sophie naît, grandit, apprend à lire, à
écrire, devient l’âme combattante du quartier populaire de Texaco menacé par
les bulldozers. Dans les années soixante, le réveil fait rage sous l’impulsion
d’Aimé Césaire et des militants communistes. Texaco comme métaphore de
l’histoire douloureuse des Antilles frappe par la richesse des situations et
l’inventivité d’un comédien extrêmement mobile qui coiffe tous les rôles.
M.S. envoyée spéciale.
Riche
de paradoxes et de talents
Le Théâtre des Halles nous invite à découvrir
un spectacle inédit, celui d’un seul acteur qui se prononce au nom de plusieurs
personnages. Une fois de plus, durant ce Off d’Avignon. Ce n’est donc pas en
cela que consistent l’originalité et le charme de cette création. Mais, il
s’agit d’une de ces pièces monologuées les plus réussies et les plus
impressionnantes.
Jean-Stéphane Souchaud s’expose alors à tous les
risques : d’abord, il entreprend une tâche difficile et délicate, celle
d’adapter le roman de l’écrivain martiniquais, Patrick Chamoiseau, prix
Goncourt 1992, au théâtre. C’est un beau et minutieux travail de choix des
extraits, et de traque des écrits de Chamoiseau adaptables en images scéniques
vivantes.
Puis, il crée – sous la belle direction de Gilles
Lefeuvre – un personnage, Marie-Sophie Laborieux, petite fille d’esclave,
qui dans le roman raconte la vie de ses ascendants et l’histoire de la
Martinique. Et qui, sur scène, monologue et dialogue à travers le corps et la
voix du comédien talentueux et étonnant. La compagnie La Nuit venue nous offre
ainsi un spectacle très riche, qui embrasse autant de paradoxes que de
talents : un comédien blanc qui incarne un personnage féminin noir, un
Français métropolitain qui porte le poids de l’histoire et de la mémoire
créoles.
Au milieu des éléments de la scénographie à merveilles
– où la case en bois et des sacs de sucre de canne se métamorphosent sans
cesse afin de remplir une fonction chaque fois différente – éclairés subtilement,
s’accomplit la vraie performance du comédien. À partir du personnage de la
jeune fille, Souchaud se transforme, à coups de chapeau, en béké (descendant
d’immigrés blancs), en mulâtre, en sorcier… Toute une foule de personnages
– hommes, femmes, Noirs, Blancs, maîtres, esclaves… – naît sous les
yeux des spectateurs par le récit du protagoniste. Alors, par le biais de cette
création osée et originale, sous les regards de Charles de Gaulle et d’Aimé
Césaire, dont les portraits s’inscrivent dans la scénographie, se réalise le
rêve émouvant de la liberté et d’un spectacle universel. ¶
Texaco, titre du roman de Patrick Chamoiseau, est mis en
scène dans le cadre du Festival Avignon off par la compagniebordelaise La
Nuit Venue. Sur scène, Jean-Stéphane Souchaud, seul, pendant une heure et
demi est tout à fait concluant dans les multiples rôles qu'il assume, les
multiples voix j'aime à le penser, dont celle de Marie-Sophie Laborieux,
voix-fleuve du roman de Patrick Chamoiseau, voix du théâtre, voix de la mémoire
familiale, et, enfin, voix de la mémoire antillaise dont les sources remontent
à l'esclavage et à la déportation des Africains vers les Amériques. Et la
mise-en-scène nous retrace tout cela comme une longue histoire en devenir,
définie du point de vue des nègres, de Marie-Sophie Laborieux, qui, en retraçant
sa lignée familiale, retrace surtout l'histoire de son île et de son peuple.
Le travail d'adaptation entre la forme de langage
romanesque et le théâtre est un travail difficile, pleinement accompli ici. La
mise-en-scène et les objets que le comédien dispose et agence différemment sur
la scène, sont au service de la langue et du théâtre, du mouvement, du
déplacement dans l'espace scénique. Les registres de langue, les accents du
créole et du français du béké, la gestuelle culturelle, tout est présent dans
un rythme rapide qui ne perd pas son propos. Ainsi, le comédien monte-t-il une
échelle, il se trouve sur le faîte des mornes. Le comédien descend-il de
l'échelle, il est devant la case de Marie-Sophie Laborieux. Et, que ce soit
d'un côté ou de l'autre, nous sommes avec lui, à observer les cimes des mornes.
Dans la pièce, un des épisodes très justes de
la pièce est celui de la dispute entre Marie-Sophie Laborieux,
nouvellement installée dans sa case devant Texaco, le gardien du béké qui vient
de lui dire de déguerpir. Il s'agit de leur première rencontre. La manière
dont le comédien assume à tour de rôle les deux personnages, et à un rythme
très rapide, montre toute sa maîtrise, et sa compréhension, juste de mon point
de vue, du roman, et de l'adaptation de la pièce.
Mais, un roman n'est pas une pièce de théâtre. Et
adapter, est un dur labeur. Voilà pourquoi je mets l'accent sur le travail
de la mise-en-scène, d'une justesse qui permet, à quiconque connaît le roman,
de s'y reconnaître. Cela dit, la pièce de théâtre possède une juste autonomie
par rapport au roman. C'est en cela que je vous la recommande sans modération.
Extrait de l'article paru dans Sud-Ouest en avril 2007
« En adaptant « Texaco », roman de Patrick Chamoiseau, Jean-Stéphane Souchaud de la compagnie La Nuit Venue n’a pas choisi la facilité. Roman foule partiellement écrit en créole, le prix Goncourt 1992 couvre trois générations martiniquaises par la voix de Marie-Sophie Laborieux, petite fille d’esclave. (…) Le résultat est probant, étonnant parfois. L’élasticité de Souchaud semble sans limite. Noir, blanc, homme, femme, jeune, vieux, sage, fou, esclave, maître, il y a quelque chose de music-hall dans la manière qu’il a de coiffer un chapeau pour changer de rôle sous les portraits de De Gaulle et d’Aimé Césaire. Car du particulier à l’universel, dans un décor de bois flottés et de sacs de sucre de canne, la pièce, kaléidoscopique, offre quantité de tableaux. Et l’image du quartier de Texaco émerge. Il y a des beaux passages évocateurs, (…), des petites trouvailles, des raccourcis ingénieux (…). Et puis des métaphores sur le contexte politique en filigrane sourd mais dominateur comme le volcan. (…) Marie-Sophie Laborieux espère que De Gaulle lui rendra visite et c’est elle finalement qui rendra visite…à Aimé Césaire occupé dans son jardin. Un beau moment. (…) Ce qui frappe c’est l’unité de ton pour la diversité des situations. Un beau travail et une excellente introduction à une œuvre importante. »
Joël Raffier
La Provence
Texaco
Il n'est pas évident
d'adapter pour le théâtre un roman, surtout lorsque les comédiens doivent
endosser récits et dialogues joués. Jean-Stéphane Souchaud s'y est attelé et
grâce lui soit rendue de nous faire entendre le beau texte de Patrick Chamoiseau,
"Texaco".
C'est l'histoire de
plus de trois générations martiniquaises racontées par
Marie-Sophie Laborieux, petite fille d'un esclave affranchi et âme d'un
quartier en démolition-reconstruction de Fort-de-France, Texaco, en
butte aux "Békés" (descendants d'immigrés blancs) et autres
colonialistes véreux. Mais J.S. Souchaud a multiplié les difficultés en se
voulant seul en scène. Tour à tour récitant, puis mille et un
personnages, il court en tous sens sur le plateau encombré de mille
accessoires, il est blanc ou noir ou de toutes les couleurs, un képi et il est
gendarme, une louche le coiffe en mère-courage, un chapeau colonial en patron,
une casquette fait de lui un ouvrier, un tablier et il est fille... quelques
planches deviennent case, puis maison moins précaire... Cela tient du jeu
d'enfant et c'est en fait un exploit de comédien.
Quand le comédien,
exténué, revient saluer, on ne peut, sous le visage bienveillant du très Aimé,
Césaire, que remercier Jean-Stéphane Souchaud. "Quel travail que de vivre", s'exclame
Marie-Sophie bien nommée Laborieux, et quel labeur, que celui de comédien!
- Du05 juillet au 1er août 2008àAvignon au Théâtre des Hallesà 22h30
- 17 mai à Floirac / Maison des Savoirs partagés
- 17 avril à Parentis / Salle Polyvalente
- 22 janvier à Gradignan / Théâtre des 4 saisons
- du 16 au 18 janvier à Bayonne / Scène nationale de Bayonne Sud Aquitain
- du 10 au 12 janvier à Saint Laurent du Maroni (Guyane)
- du 19 avril au 05 mai 2007 (création), les 19, 20, 21, 25, 26, 27 et 28 avril 2007 et les 02, 03, 04 et 05 mai 2007 au Théâtre La Boîte à Jouer / Bordeaux
Patrick Chamoiseau, écrivain français né à Fort-de-France, Martinique, le 3 décembre 1953. Représentant de la littérature antillaise contemporaine, il s'essaye à tous les genres – romans, pièces de théâtre, essais...- et mêle subtilement le français au créole argotique. Il obtient le prix Goncourt en 1992 pour son roman Texaco.
Il mène en outre un combat politique et littéraire en faveur de la créolité, explorant les fondements de sa culture et faisant l'éloge des différents métissages.
Jean-Stéphane Souchaud, acteur formé au Conservatoire National de Région de Bordeaux, co-fondateur de la Cie La nuit venue (1996), aborde une première fois l'écriture de Patrick Chamoiseau à travers le roman Solibo magnifique, lors d'un stage qu'il anime aux Antilles. A force d'affinités avec la culture créole, il projette l'adaptation scénique de Texaco, pour les besoins de laquelle il s'entoure de Gilles Lefeuvre et DominiqueUnternehr comme conseillers artistiques, Bruno Gautron pour la création lumière...ainsi que de l'équipe administrative (Alexandra Renom et Claire Cassignard) et artistique de la Cie La Nuit Venue.
« Je n'arrive point armé de vérités décisives. Ma conscience n'est pas traversée de fulgurances essentielles. Cependant, en toute sérénité, je pense qu'il serait bon que certaines choses soient dites. »
Frantz Fanon – Peau noire, masques blancs
Qu'un acteur blanc fasse choix d'incarner le personnage de Marie-Sophie Laborieux, négresse et petite fille de l'un des derniers « hommes de force » esclave, s'inscrit dans un souci d'objectivité autant que d'originalité.
Qu'un Français métropolitain porte la parole créole et la mémoire antillaise ne se veut ni une condamnation ni une victimisation des uns ou des autres.
Juger mène à une impasse, enferme, alors qu'il s'agit d'ouvrir, de faire tomber quelques tabous : la mémoire d'une femme noire s'incarne dans l'acteur blanc. Les souffrances des hommes sont nos souffrances !...